La chanson du grand-père

Publié le par Eric Roux

Il y a une dizaine d'années, j'avais écrit cette chanson en hommage à mon grand-père qui s'en était régalé, en vieux corse pétillant qu'il était. Depuis cette époque il a quitté son corps (il est mort quoi...) mais je suis toujours heureux de la chanter pour lui, qui est maintenant je ne sais où et n'en a certainement plus rien à faire... (malheureusement je ne peux vous la mettre en musique, à vous de vous la chanter comme vous le sentez.)

Quandu gjhunghe a luce (quand arrive la lumière du soleil)
A nanta u paese (par dessus le village)
A mimoria di u vecchiu (la mémoire du vieux)
Ti ricurda u tempu (te rappelle le temps)
Indu lu sole e a luna (où le soleil et la lune)
Illuminanu a machja (éclairaient un maquis)
Di una corsica senza strada (d'une Corse sans route)
Sotta l’ombra de muntagne (sous l'ombre des montagnes)

J’ai un grand-père
il a l’sang du maquis
Le regard de la mer
et le goût du cabri
Il a le ton grognon
d’une barque en hiver
Il connaît les poissons
d’hier et d’avant-hier

Un jour la colère l’a pris
Il m’a dit mon coco
J’sais pas si tu gagnes ta vie
Mais t’as pas l’air bien gros

J’lui ai dit grand-père faut pas t’mettre en colère
Tu sais bien que j’taime bien, j’sais bien qu’t’es mon copain
Qu’la vie a fait son chemin dans mon coeur de marin
Et qu’ça continuera que Dieu le veuille ou pas

J’ai un grand père
Il pèche comme il respire
Les poissons dans le mer
Savent bien qu’il faut pas rire
Il connaît leurs coutumes
Et leurs heures de repos
Quand il y pense ça fume
Et ça sent le bateau

Un jour il m’a dit ma foi
Tu sais mon petit coco
Tu seras le roi des rois
Si tu pêches le gros

J’lui ai dit grand-père
J’vais pêcher son grand-frère
Et le mettre dans ton assiette
T’en laisseras pas une miette

La pêche est mon amie
Les poissons j’les aime frits
Et ça continuera
Que Dieu le veuille ou pas

J’ai un grand-père
Il aime bien ma grand-mère
L’a épousé par amour
Par appétit et pour toujours
L’a connue à la guinguette
Dans l’Paris des amoureux
Elle lui a tourné la tête
Du coup ils ont vécu à deux

Un jour il lui a dit ma poupée
Tu sais les frites moi j’aime bien ça
J’en mangerait bien une tripotée
Mais t’en fais jamais ça va pas

J’lui ai dit grand-père
Embête pas la grand mère
Tu sais bien qu’elle t’aime bien
J’ais bien qu’t’es son copain

Qu’la vie a fait son chemin
Dans vos cœurs de satin
Et que ça continuera
Que Dieu le veuille ou pas

Quandu gjhunghe a luce
A nanta u paese
A mimoria di u vecchiy
Ti ricurda u tempu
Indu lu sole e a luna
Illuminanu a machja
Di una corsica senza strada
Sotta l’ombra de muntagne

Publié dans Poésie

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M
Je ne connaissais pas la Corse, et je vois par ta chanson à quel point elle est belle
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E
Merci Marlou. j'ai écrit un autre poème sur la corse, c'est le premier de ce blog. N'hésite pas à le lire...
R
Je trouve ce poème un très bel hommage à ton grand père, moi aussi j'ai fait un poème sur le mien. C'est pour ça que je suis venue lire le tien. Bonne soirée
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